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Europe : c’est l’absence de résultats visibles qui plombe le Oui. 23 mai 2005

Par Thierry Klein dans : Politique.
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… ou les réflexions d’un indécis.

L’idée européenne est profondément ancrée en nous tous et si l’Europe fonctionnait, je suis convaincu que le NON resterait largement minoritaire.

Le problème, c’est qu’au delà des idées, il y a les faits. Après 50 ans de « construction » européenne, personne ne peut dire si ce qui s’est fait, c’est bien ou mal. L’Europe est comme « invisible » dans la vie de tous les jours (sauf sous forme de caricature). L’idée est belle et n’est pas en cause, c’est l’exécution qui pêche.

L’Europe n’existe pas au niveau économique. Pour une PME telle que celle que je dirige, il n’est ni plus complexe ni plus simple d’aller sur le marché américain que sur le marché italien, allemand ou anglais… Est-ce normal après 50 ans de construction ?

L’Europe n’existe pas au niveau des peuples. A part certains cadres de grandes entreprises, qui ont pu tirer partie du principe de la libre circulation des personnes, les liens entre les pays n’ont pas été resserrés. Connaissez-vous plus d’allemands, d’italiens, d’espagnols qu’il y a 30 ans ? Des programmes tels qu’Erasmus sont d’une timidité extrême. Il aurait fallu rendre obligatoire l’exécution de toute une année d’étude à l’étranger pour l’obtention de tout diplôme supérieur. Voilà une mesure très peu coûteuse (les états membres pouvant compenser entre eux l’ensemble des coûts universitaires) qui aurait eu un impact majeur (des étudiants se seraient implantés ou mariés à l’étranger, bref, les peuples auraient réellement « communiqué »). Si tous les étudiants français avaient vécu au moins un an à l’étranger (et que donc 5 ou 10% y étaient restés), la question du « Oui » ne se poserait pour personne car la réponse serait évidente.

Au lieu de ça, on nous sert des caricatures de programmes « de développement des régions », dont nos concitoyens n’entendent jamais parler et dont la complexité est telle qu’ils sont inaccessibles à la plupart des PME, je peux là encore en témoigner.

Le fait est qu’on ne sait pas non plus modérer les aspects idéologiquement absurdes de la construction européenne. Prenez le foot – on va encore me reprocher de voir les choses par le petit bout de la lorgnette. L’application idéologique du principe de libre circulation conduit au développement inéluctable d’un « football business » sur le mode des ligues américaines de football ou de basket, au détriment de l’incertitude du sport et de l’enracinement culturel régional que représentait l’équipe de football locale il y a encore 20 ans. La politique européenne détruit le tissu culturel au nom d’un principe sans sens.

Le fait est qu’aujourd’hui, il n’y a aucun résultat visible positif lié à l’Europe. Bien sûr, il y a l’absence de guerre, mais le danger semble bien lointain et surtout, personne ne démontre réellement en quoi l’Europe est un frein à la guerre. Pour moi, le frein à la guerre, c’est aussi, et en vrac, la réconciliation franco-allemande (De Gaulle, Giscard, Mitterrand), le rôle des USA après la guerre, la prévention atomique.

Alors, tous les 10-15 ans, on nous demande de valider une belle idée dont nous ne voyons toujours pas les résultats. Bien sûr, cette idée a du souffle, mais dans un contexte où les promesses, à droite comme à gauche, n’ont jamais été tenues, où les affaires de corruption, à droite comme à gauche, pullulent, il y a des gens, dont je suis, qui demandent aux hommes politiques d’avoir un peu moins de souffle tous les 10 ans, mais de s’occuper un peu plus du suivi concret dans les périodes intermédiaires.

D’autant plus que les politiques aux affaires, qui font campagne en faveur du « Oui » avec autant de souffle – voire parfois de grandiloquence mais mon but n’est pas minimiser leur effort car il est louable, sont exactement ceux qui depuis 20 ans, ont toléré sans réagir les pires compromis et en particulier la corruption de leurs principaux dirigeants, à droite comme à gauche, cette corruption qui à mon avis est un des pires facteurs de l’évolution du pays. Alors, peut-on leur faire vraiment confiance quand ils disent qu’il sauront infléchir le parcours européen alors qu’ils n’ont jamais su se dresser contre ce qui était évidemment nocif au pays depuis plus de 20 ans ? (Bon, ça y est, les accusations de poujadisme vont fleurir…).

Je trouve que la plupart des Non sont rétrogrades ou méprisables (le Non de peur, le Non « social », le Non « national ») et mon principal souci, c’est que mon Non n’a rien à voir avec tout ça – d’ailleurs, c’est bien la peur qu’il y soit assimilé qui me retient encore. Je pense simplement que s’il ne se passe rien depuis 50 ans, ce n’est pas parce qu’il manque tel ou tel texte, mais bien parce que le principe d’exécution est mauvais et qu’il faut RADICALEMENT changer de méthode sinon tout se détruira de soi-même. Dans une entreprise, l’absence de résultat conduit au changement des hommes en un ou deux ans, dans la conduite d’un pays, il y a changement tous les cinq ou sept ans, faut-il attendre 60 ans pour changer la façon de construire l’Europe ? Autant changer les choses tout de suite et voter Non !

Bien sûr, on va encore me demander de répondre à la question posée. Mais tout le monde (ou presque) répondrait Oui si l’Europe fonctionnait un tant soit peu. Je vis comme une tentative de passage en force le fait qu’elle soit posée à un moment où il est patent qu’elle ne fonctionne pas (Imaginez par exemple, le commandant du Titanic qui demande à ses passagers s’ils sont pour ou contre les croisières de Luxe: pourrait-on reprocher aux passagers de voter « Contre » – ou au moins de lier leur vote à la fourniture effective des bateaux de sauvetage ?)

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Commentaires»

1. Le blog de Thierry Klein - 25 mai 2005

Europe : la suite des réflexions d’un indécis

Typiquement le genre d’autocritiques qu’on attend des hommes politiques. Je me demandais dans ce billet si « on pouvait leur faire confiance quand ils disent qu’il sauront infléchir le parcours européen alors qu’ils n’ont jamais su se dresser contre…

2. Darky - 26 mai 2005

Je tenais à réagir à la partie sur les études à l’étranger. Il est vrai que le programme Erasmus est très timide à l’heure actuelle mais en France, il y a également un manque cruel d’informations à ce sujet.

Cette année, j’ai rencontré un problème pour la recherche d’un stage à l’étranger. Je voulais m’expatrier pour un stage de 5 mois environ dans un pays anglophone, ma préférence allant pour la Canada. Cependant, à l’université, en demandant des conseils aux responsables de stages, ces derniers m’ont fait comprendre qu’à moins de faire un stage de recherche dans une université étrangère en vue d’un doctorat, ils ne pouvaient pas m’aider. Après m’être renseigné ailleurs, j’ai appris que les Etats Unis et le Canada n’avait pas de statut de stagiaire. Il fallait donc obtenir un permis de travail d’une durée minimum de 6 mois à moins d’y aller bénévolement. Mes disponibilités et mes capacités financières (aucune aide de l’université ou autre) ne me le permettant pas, j’ai du abandonner l’idée. On nous répète toujours qu’une expérience à l’étranger est quasi-indispensable pour la crédibilité mais si elles doivent être basées sur les pays frontaliers, faute de moyens, c’est malheureux.

De là, on peut aussi lever une autre problèmatique : l’égalité face à la formation. C’est vrai qu’il y a des bourses d’études, sur critères sociaux, des bourses de mérite (quand les personnels d’université veulent bien se donner la peine de se pencher sur le cas de leurs étudiants)…mais dans les études supérieures, beaucoup trop de portes se ferment faute de moyens. Par exemple dans l’informatique, les réseaux universitaires sont très bien mais mal "entretenus" ce qui implique l’achat de PC portables par un grand nombre d’étudiants, obligés de casser leur tirelire pour pouvoir suivre leur formation dans de bonnes conditions. L’opération "portable à 1 euros par jour" ne serait elle pas un moyen pour les universités de ne pas renouveler ou maintenir leur matériel à niveau ? En plus, derrière cette offre alléchante, on apprend que certains étudiants ne peuvent pas en bénéficier…car en réalité, c’est une offre de crédit. Nous pourrions lever d’autres problématiques ici….mais on entrerait dans l’effet boule de neige (dans lequel je me perds déjà ici).
Je vais donc vous laisser retourner à vos occupations.
Merci de m’avoir lu.
Bonne journée 😉

3. Simon - 26 mai 2005

Juste un court commentaire sur la recherche de stage à l’étranger.
Dans mon école (qui dépend de la FAC) nous avons de nombreux stages sur nos 5 ans d’études (8 en tout) allant de 3 à 7 mois et il est obligatoire d’en faire un à l’étranger.
Et l’école ne nous aide évidemment pas dans la recherche de ces stages (sauf en publiant quelques annonces que l’on peut très bien trouver par nous même sur internet). Cela parcequ’une fois les études finies il n’y aura personne pour nous aider à chercher un emploi. Et il faut donc bien commencer un jour. Le plus tôt est le mieux.
Chaque année, plus de 80 étudiants font donc un stage a l’étranger et cela en se débrouillant seuls. Il ne faut pas oublier que les études sont faites pour apprendre un métier mais aussi à grandir. Je trouve ça donc plutôt logique qu’il y ait un moment où on ne te tient plus la main pour faire telle ou telle démarche. C’est le meilleur moyen de devenir autonome.
Pour en revenir aux moyens financiers, il existe toujours un moyen de trouver des bourses. Et même sans bourse, il faut aussi savoir négocier un stage. Car plus tard tu seras aussi amené à négocier un salaire.
Pour ma part, j’ai réussi à faire 3 mois de stage au Maroc en me faisant payer le voyage et l’appartement. Au final ces 3 mois m’ont donc coûté moins cher que trois mois en France (si on retire le tourisme bien sûr… quoique…) vu que la vie est moins chère la bas.

Je dirais juste en conclusion que je pense qu’il ne fallait pas baisser les bras si vite…

4. Darky - 26 mai 2005

Premièrement, je n’ai pas dit que c’était l’Université qui devait trouver un stage pour les étudiants. J’étais aller voir les responsables de stage simplement pour avoir des informations sur les structures existantes. Apparemment, toutes les universités ne fonctionnent pas de la même manière. Pour ma part, sur mes 3 dernières années (avant, j’étais en DEUG donc aucun stage), j’ai effectué 3 stages de 2 à 4 mois (pour information, j’ai toujours démarché et je n’ai jamais été pistonné). L’année prochaine, j’en aurais un de 6 mois mais aucune obligation de stage à l’étranger (tu ne serais pas dans une école d’ingénieur ?).

Pour ton stage au Maroc, dans un autre sens c’est ce que je laissais entendre : pays frontalier donc frais A/R bien moindre qu’un A/R Canada ou Etats-Unis. De plus, tu indiques bien que le coût de la vie est moins élevé qu’en France.

Merci pour ton commentaire en tout cas.
Bonne journée 😉