Ce que Winnicott nous dit sur les cahiers antisémites de Céline 23 janvier 2018
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 3 331 fois | trackback
Que peuvent donc craindre ceux qui souhaitent interdire la publication des cahiers antisémites de Céline ?
Soit ces cahiers disent essentiellement la vérité et prouvent le bien-fondé de l’antisémitisme (ou contiennent des arguments valables qui vont en ce sens). Dans ce cas, même si c’est malheureux, il faudrait publier ces cahiers au nom de la vérité.
Mais ceux-qui ont fait interdire leur publication ne sont pas, dans leur immense majorité, antisémites. On ne peut donc retenir cet argument.
Soit ces cahiers contiennent des arguments faux, mais convaincants et on cherche alors à les interdire pour que des personnes non déjà antisémites, lisant les cahiers, ne le deviennent. Ces lecteurs hypothétiques ne sont évidemment pas les mêmes que ceux qui demandent l’interdiction – ceux qui demandent l’interdiction sont bien convaincus d’être protégés contre tout antisémitisme. Ils demandent donc cette censure au nom de lecteurs moins intelligents, moins éduqués ou moins lucides qu’eux-mêmes, qui pourraient être convaincus par les arguments de Céline.
Les cahiers de Céline propageraient l’antisémitisme de façon tellement radicale, violente, rapide qu’il faudrait alors les interdire de crainte que la société ne s’effondre à nouveau. Mais ces cahiers seront évidemment extrêmement peu lus. Quelle est donc l’origine de cette peur panique de les voir publiés ?
Le grand psychanalyste Winnicott décrit la crainte de l’effondrement comme la crainte d’une catastrophe déjà arrivée. La réaction de défense du patient – la névrose ou la psychose – n’a pas d’autre objectif que de cacher la réalité suivante : dans le passé du patient, l’effondrement tant redouté a déjà eu lieu. Le patient vit la même situation que les héros de l’Enfer de Sartre : Il redoute l’enfer alors qu’il y vit ; ce faisant, il vit un enfer sans avoir le moins du monde conscience d’y être. Et le travail thérapeutique du médecin vise grosso modo à lui faire comprendre alors que « le malheur, c’est maintenant ! » (vaste programme).
L’antisémitisme, c’est maintenant
Que redoutent donc les partisans de la censure ? Il est facile de le voir. La réalité, c’est que l’antisémitisme est déjà de retour. Non pas sous sa forme historique, Célinienne, Maurrassienne, mais réimporté et puissamment renouvelé en France via l’immigration qui a débuté dans les années 60. Les mêmes qui crient au scandale à propos des cahiers de Céline détournent pudiquement les yeux quand il s’agit d’antisémitisme arabo-musulman. S’ils crient si fort au scandale, c’est JUSTEMENT parce qu’il ne faut pas regarder cette vérité en face. Les pauvres, on pourrait les traiter d’islamophobes. Couvrez donc cet antisémitisme que je ne saurais voir.
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