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Tous productivistes 20 novembre 2005

Par Thierry Klein dans : Politique.
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S’il y a bien une notion qui transcende droites et gauches, c’est le productivisme.

Ils ont tous les yeux fixés sur la ligne bleue (ou rouge) de la croissance.

Or cette croissance, c’est elle qui, à petit feu, pollue un peu plus la planète tous les jours, réduit le nombre des espèces – et des espaces, est la cause du réchauffement climatique.

Le vrai défi pour les générations futures, c’est de savoir comment réduire les effets induits par la production – et ça passe probablement par un ralentissement de la croissance, en France et dans le monde.

On peut comprendre que la droite libérale idéalise la croissance, par idéologie, mais le fait est qu’à gauche, on l’idéalise aussi, du PS à Lutte Ouvrière, en passant par le PC.

Ainsi, Strauss-Kahn, hier, au congrès du PS:

« Je crois, comme Henri (Emmanuelli), que les salaires ne sont pas une charge mais une chance; que le social n’est pas un frein à la production mais un facteur de production; que la lutte contre les inégalités n’est pas une entrave à la croissance mais une condition de la confiance« .

Ce serait d’ailleurs intéressant de voir pourquoi et comment les gauches adorent la Croissance. Les raisons sont souvent anciennes et remontent jusqu’à Marx (ce sera peut être pour un autre billet). En attendant, je me désole car j’ai l’impression qu’on court à notre perte comme des lemmings, peut être un peu plus doucement, mais certainement beaucoup plus sûrement.

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Commentaires»

1. Vincent M. - 20 novembre 2005

Allez, ne désespérez pas, la notion de "décroissance soutenable" existe, je l’ai rencontrée dans la revue "Alternatives économiques".

Je crois même qu’un site Internet lui est entièrement consacré (à vérifier).

Albert Jacquard aussi explique que la recherche continuelle de la croissance nous mène dans le mur.

Déjà portée par les altermondialistes, cette idée finira bien par faire son chemin.

Bien amicalement.

Vincent M.

2. Vincent M. - 21 novembre 2005

Pour vous rassurer encore un peu : pour le suicide collectif des lemmings, c’est une rumeur due à un ancien commentaire animalier Disney, c’est donc… faux !

Le lien suivant, par exemple, l’explique et le rappelle :

master.radio-france.fr/ch…

L’image du Titanic, employée par Nicolas Hulot, me paraît ainsi plus indiquée.

Pour me présenter un peu, je suis, euh… vivement intéressé par la théorie mimétique de René Girard et par… l’oeuvre de Milan Kundera, que je lis avec beaucoup de plaisir, sans approuver pour autant son hédonisme.

Je connais aussi un peu Simon DK, que je salue au passage, s’il me lit. 😉

Bien amicalement.

Vincent M.

3. Thierry Klein - 21 novembre 2005

Je n’ai pas parlé de suicide collectif. Vérification faite, les lemmings se tuent bien de façon massive lorsqu’il y a surpopulation (ce qui n’empêche pas Disney de faire des montages). Savoir si c’est un suicide ou pas est un autre problème – en fait, pas de réponse satisfaisante à cette question car les lemmings interrogés n’ont pas daigné répondre pour le moment. D’où ma formulation, qui fait plutôt référence à quelque chose d’inconscient.
Une chance parce que j’ignorais cette histoire de Disney.

4. Vincent M. - 21 novembre 2005

Excusez-moi, je suis très têtu, parfois, mais c’est bien de ce comportement en cas de surpopulation ("on court à notre perte comme des lemmings" et "se tuent") dont j’ai appris récemment qu’il s’agissait d’une rumeur.

Si vous avez des sources discordantes, je serais curieux de les connaître.

En voici encore deux autres à l’appui de mon affirmation, mais je ne suis pas du tout spécialiste, bien sûr :

http://www.transpolair.com/scien...

et plus complet encore

http://www.hww.ca/hww2_f.asp?id=...

Rien "d’inconscient" chez les lemmings, donc, juste, plus vraisemblablement, une rumeur chez les humains.

D’un point de vue girardien, c’est aussi "panurgique", donc intéressant, une rumeur, qu’un comportement collectif autodestructeur.

Mais si vous me dites qu’il faut attendre de pouvoir interroger les lemmings pour pouvoir connaître leurs motivations à proliférer puis à voir leur population baisser brusquement, je n’ai plus rien à dire, je me tais. 😉

Ah oui, je viens de relire, il se peut qu’ils s’entretuent sous l’effet du stress ; mais c’est une hypothèse parmi d’autres, et pas encore confirmée du tout.

On leur a attribué trop vite, en réalité, cette propension à se détruire eux-mêmes : les prédateurs ou l’environnement sont plus probablement, d’après ce que je lis, les principaux responsables de leur curieux cycle de population.

Je voulais juste vous apporter un peu d’optimisme, doublement, en vous montrant 1) que l’idole du jour, la sempiternelle "croissance", commence à faire l’objet d’attaques sérieuses, que vous n’étiez pas seul dans votre combat (chez vous peut-être simplement ironique ?) et 2) que les lemmings sont moins autodestructeurs qu’il n’y paraît, donc, par ricochet, peut-être, les humains, mais visiblement, tout cela ne vous émeut guère…

Bon, j’aurais au moins essayé. 😉

Bien amicalement.

Vincent M.

5. Vincent M. - 21 novembre 2005

Billet relu : non, vous n’êtes pas juste ironique, ouf ! Vous pensez à l’environnement et aux générations futures…

Le site sur la "décroissance soutenable" n’était pas bien caché :

http://www.decroissance.org/

Albert Jacquard est effectivement de ce combat. J’avais lu ses analyses sur ce point.

Bien amicalement.

Vincent M.

6. Thierry Klein - 21 novembre 2005

Bonjour, A propos des lemmings, ce que je veux dire, c’est simplement que, si suicide il y a, le mot suicide est très probablement inapproprié. Et oui, il y a forcément divers facteurs de régulation, dont les prédateurs – mais le comportement des lemmings est aussi une des causes de régulation car on observe bien des phénomènes de masse et on les observe en période de surpopulation, donc on peut parler d’auto-régulation, en attendant mieux. Vous trouvez sur le Web plusieurs papiers comme quoi le comportement serait « la cause principale », mais rien de convaincant pour un non spécialiste comme moi (aucun argument logique, aucune étude). Pour tous vous dire, j’ai la très forte impression que ceux qui privilégient la prédation comme cause majeure le font pour des raisons idéologiques, ou à défaut psychologiques, à savoir qu’il semble valorisant d’opposer la rigueur scientifique à l’image d’Epinal que symbolise Disney (ce débat n’est pas forcément très intéressant). Je suis évidemment incapable de classer ces causes, mais il peut y avoir d’autres causes tout aussi convaincantes (par exemple, dans le cas des invasions de crickets en Afrique, le nombre explose puis redescend brusquement l’année suivante sans qu’il soit besoin d’invoquer ni la prédation, ni le suicide collectif.
Ceci dit, mon billet parlait essentiellement de l’aspect « panurgique » du phénomène… Le lemming est utilisé pour symboliser le côté « exponentiel », « entraînement en masse » du phénomène (j’avoue que je n’avais d’ailleurs pas pensé à tout ça en l’écrivant).
J’ai lu decroissance.org, merci !

7. jid - 2 décembre 2005

pfff, et moi qui venait écrire que le coup des lemmings c’était une légende urbaine, y’en a qui sont passés avant moi (et bien mieux!)